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Les Patrimoniales peintures de Karoutzos favorisent une démystification en établissant clairement le lien entre le passé et le présent. L'art de chaque époque fut contemporain. Cette évidence doit être rappelée car, comme toute évidence, elle est souvent oubliée. L'art, ou la représentation qualifiée d'artistique, figurative ou abstraite, est indissociable de l'homo sapiens.
Depuis la préhistoire et dans tous les lieux habités par l'homme, se trouvent les sources de longs fleuves pas forcément tranquilles, avec leurs périodes de crue, d'étiage, de tarissement, qui aboutissent à l'art d'aujourd'hui. L'homme a toujours laissé des images de son histoire, qu'il s'agisse de ses croyances, de sa vie quotidienne, de ses relations sociales, des personnages, des phénomènes ou des évènements qu'il a connus. Le faiseur d'images a évolué en même temps que l'organisation sociale dans laquelle il a vécu, au fil des changements, violents ou non, de son environnement.
Karoutzos réunit en lui tout ce qui précède. En cela il est un artiste. Dans les années soixante-dix, il exprimait par dessins, peintures et sculptures interposés sa vision subjective de l'homme. La violence avec laquelle il se regardait au début, à la suite d'épreuves assumées et surmontées, a été dépassée par un regard porté autour de lui, regard éclairé par la lueur d'un espoir né d'une reprise en main de lui-même.
Il a mis toute son énergie dans la restauration des oeuvres artistiques du passé. Dans l'exercice de sa profession consistant à sauvegarder et à renforcer la présence des monuments historiques, il est sorti de lui-même sans se renier pour autant. Il a mesuré sa relativité et trouvé le langage de sa générosité naturelle, le vecteur de son humanisme, peut-être l'essence de son humanité. En même temps, il a continué de créer, de manière moins logorrhéique, au rythme de sa progression dans l'étude et la connaissance de l'homme. Et puis cela le reprend en 2009, dans l'urgence et la rapidité. Quarante-deux tableaux en quelques jours. Il recommence en 2013, Vingt-six oeuvres peintes et six oeuvres sculptées. Pour quoi dire ?
Ce caractère tranché le fait aller très vite, dans la profondeur de sa réflexion comme dans la netteté de son action. La série de tableaux, a été réalisée en quelques jours. Il va très vite car l'inspiration peut s'enfuir. L'idée de la vie, comme son expression, est souvent menacée par la mort. Il va très vite avec la sûreté du pilote expérimenté qui maîtrise son bolide, pour faire le parcours qu'il s'est fixé. Il en résulte une création étonnante dans la constance de sa thématique, les variations qu'elle génère et l'espace progressif qu'elle occupe.
À partir d'un fragment de décor ancien promis aux décombres, jaillit une oeuvre de notre temps, prolongement de l'art immémorial. C'est le thème essentiel. Ce thème est varié, comme un thème musical, par l'intégration d'éléments personnels et universels pour rendre compte d'une évolution : celle de l'artiste et du domaine dans lequel il agit. C'est, d'une certaine manière, une illustration pédagogique et raccourcie de l'histoire de l'art. Les variations dans la forme sont également influentes dans les dimensions des tableaux : nous passons de 18 x 14 cm, pour le plus petit, à 300 x 200 cm, pour les plus grands - autre manière de rendre compte d'une évolution, dégageant une puissance d'envoûtement où le regard se démythifie à vouloir décrypter par-delà même l'histoire du monde, celle de la vie.